Un peuple d’Indonésie se serait génétiquement adapté à la plongée

21 Avr

Un peuple d’Indonésie se serait génétiquement adapté à la plongée


Certains membres du peuple bajau passent jusqu’à 60 % de leur journée de travail à plonger à la recherche de poissons, pieuvres et autres crustacés. AFP/MELISSA LLARDO/HANDOUT.

Le peuple bajau, qui pêche jusqu’à 70 mètres de profondeur, a une rate plus développée que ses voisins indonésien.
Des scientifiques ont découvert la première preuve d’une adaptation génétique de l’être humain à la plongée en profondeur, à savoir le développement exceptionnel de la rate du peuple bajau en Indonésie, selon une étude publiée jeudi dans la revue scientifique américaine Cell.

Cette découverte pourrait accélérer la recherche médicale sur la façon dont le corps réagit au manque d’oxygène dans différentes circonstances, comme la plongée mais aussi l’altitude, une intervention chirurgicale ou une maladie pulmonaire.

Jusqu’à 13 minutes sans respirer
Surnommés les «nomades de la mer», ces indigènes pêchent en descendant jusqu’à 70 mètres de profondeur avec pour seuls équipements des poids et un masque de bois.

Ils passent jusqu’à 60 % de leur journée de travail à plonger à la recherche de poissons, pieuvres et autres crustacés – une durée similaire à celle des loutres de mer – et peuvent passer jusqu’à 13 minutes sous l’eau sans respirer.

Intriguée par de telles aptitudes, la scientifique américaine Melissa Ilardo s’est demandé s’ils avaient subi une modification génétique pour être en mesure de rester sous l’eau beaucoup plus longtemps que les autres humains.

Elle a passé plusieurs mois en Indonésie auprès des Bajau et d’un autre peuple qui ne plonge pas, les Saluan. Elle a notamment prélevé des échantillons génétiques et effectué des échographies, qui ont montré que la rate des Bajau était environ 50 % plus grosse que celle des Saluan.

Davantage d’oxygène libéré dans le sang
Cet organe est important en matière de plongée car il libère davantage d’oxygène dans le sang lorsque l’organisme est placé dans une situation de stress, comme lorsqu’une personne retient son souffle.

La rate des Balau était plus grosse, qu’il s’agisse ou non de plongeurs, et une analyse ADN en a révélé la raison : en comparant le génome des Bajau à deux populations différentes – les Saluan et les Han chinois -, les scientifiques ont trouvé 25 sites génomiques ayant d’importantes différences. L’une d’elles se trouvait sur le gène PDE10A, considéré comme déterminant dans la taille de la rate des Bajau.

Sciences|Le Parisien avec AFP| 20 avril 2018