L’épave qui fait des vagues entre France et États-Unis

29 Déc

L’épave qui fait des vagues entre France et États-Unis


C’est une histoire qui fait des vagues entre la France et les États-Unis. En mai dernier, une société d’exploration privée a découvert au large de la Floride une épave vieille de quatre siècles. L’ambassade de France vient d’en réclamer la propriété mais les chasseurs de trésors américains ne sont pas de cet avis.


Dans les profondeurs de l’Atlantique, au large du Cap Canaveral en Floride, reposait un trésor de plus de quatre siècles. En mai dernier, les plongeurs de la société privée Global Marine Exploration (GME) l’ont exhumé des flots.

La trouvaille est un navire équipé de vingt-deux canons, dont trois en bronze ornés d’une fleur de lys, ainsi que d’une colonnade en marbre. Les archéologues de la GME ont d’abord cru qu’il s’agissait d’un navire du XVIe siècle de la Marine royale française, avant de changer de bord. « D’importantes preuves matérielles et les recherches réalisées par nos archéologues ont écarté cette hypothèse. Il se pourrait que l’identité de l’épave ne soit jamais connue », a indiqué l’entreprise américaine en juillet dernier.

(Photo : Global Marine Exploration)

Les vestiges de l’odyssée de Jean Ribault ?
L’ambassade de France n’est pas de cet avis. Elle vient de réclamer la propriété de l’épave devant le tribunal d’Orlando. Pour Clément Leclerc, consul de France à Miami, cette découverte est colossale : « Nous considérons sur la base d’analyses scientifiques qu’il s’agit d’épaves françaises de la flotte de Jean Ribault. Vous connaissez toute la portée symbolique et historique de ce sujet : il y a peu d’objets historiques et archéologiques de cette époque, c’est-à-dire plus de deux siècles avant la création des États-Unis. »

(Photo : Jacques Le Moyne de Morgues/Wikimedia)

Il s’agirait des restes de La Trinité, le vaisseau de l’amiral Jean Ribault. L’explorateur français, originaire de Dieppe en Normandie, a été choisi en 1562, par l’amiral Gaspard II de Coligny, pour fonder la Floride française au nom du roi Charles IX. Mais en septembre 1565, la deuxième expédition tourne court. Jean Ribault est exécuté par les soldats de l’amiral espagnol Pedro Menéndez de Avilés à Fort Caroline, en Floride.

Le butin d’un navire marchand espagnol ?
Robert Pritchett, lui, a une tout autre théorie. Le directeur de la GME admet que l’épave contient des vestiges de la Marine royale française. Mais selon lui, le navire est espagnol et non français. Sans doute guidé par des intérêts financiers, l’Américain assure que les canons en bronze ornés de fleur de lys se seraient retrouvés dans la cale de ce navire marchand espagnol, après le pillage de la défunte flotte de Jean Ribault.

Ainsi, Robert Pritchett espère que sa société pourra contourner la loi appelée « Sunken Military Craft Act » (SMCA). Depuis 2004, ce texte reconnaît la souveraineté d’un pays sur ses anciens navires de guerre et donne le droit à l’exploiter des sites sous-marins où ils sont découverts. Affaire à suivre…

Ouest France | Decembre 2016 – Correspondance aux États-Unis, Klervi Drouglazet